Mille et un Baisers

Je t’envoie mille et un baisers,
Mille et un baisers parfumés,
A la cannelle ou à  l’œillet ?
Mais non, voyons, tu t’es trompé,
Mon parfum, c’est l’Eau, de Sisley!
Je le sais, tu vas l’adorer,
Mais là, tu es si fatigué…
Je sais qu’après tous ces Baisers,
Tu seras vite requinqué
Mieux encor qu’après un café,
Ta clope  partie en fumée,
Ou un whisky vite avalé !
Tu vas en rêver, délirer…
Demain  sera ensoleillé
Même si tu vois la pluie tomber !

Carmen

 

       Douleur

        Le monde est en gris autour de moi, gris ou noir,
        Plus aucune couleur, tout est dans le brouillard,
        Des voix, des sons me parviennent, tout assourdis.
        Sourde et aveugle, voilà bien ce que je suis,
        Je ne peux plus rien voir, mes yeux se sont fermés
        Et dans le silence je me suis réfugiée.
        Demain sera un autre jour ? Quelle ironie !
        Le Bonheur n’est plus, la Douleur est infinie,
        Les heures s’écoulent et le temps qui s’enfuit
        Renouvelle à l’envi Désespoir et Folie…

        Carmen

 

Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Dernière modification par lucy-fer (13/08/2013 15:30:28)

 

Caliente Carmencita !
Tu nous livres de ces ébats
Certains en resteront baba
D'autres rêveront à toi
Houlala
La coinche fait tout ça !!
Anda ! Carmencita !

 

Gaby, puisque tu cites Grand Corps Malade je rebondis et pour une fois, ce ne sont pas mes mots que je  partagerai  avec vous, mais les siens, que je trouve si beaux...
J'ai choisi, parmi tous les textes que j'aime :

"J'ai pas les mots "...




Et j'ajoute ma réponse à Lucy ;-)

À Lucy
Son texte a disparu !  Il dit « Plus de douleur ! »
Il faut chanter la Joie, le Bonheur et les Fleurs ?
Je garderai donc mes larmes dans mon cahier…
L’Amour, les sourires je viendrai partager.   

Je n’imiterai pas les Nuances de Grey,
Même si comme tant d’autres, j’ai bien aimé !
Oui Lucy, ce Forum est accueillant, je sais,
Mais … je veillerai à  ne pas exagérer !

Carmen

Dernière modification par carmen (14/08/2013 21:45:04)

 

Coucher ses maux
A l'aide de mots
Partager ses envies
A l'envi
Traquer son ennui
S'inventer des vies
Rien n'est interdit
Tout est permis

Mais cette toile
Investie de quête idéale
Jonchée floréale
Ou simple béal
Sous ses airs peu austères
Aux saveurs douces-amères
Ne demeure t'elle pas
Que chimère ?

 

Verlaine avait peut-être croisé une petite souris dans sa cuisine, (ou dans sa cellule),  celle qui l’a inspiré pour « Impression fausse ». J’en ai sélectionné  3 strophes que presque chaque année je faisais découvrir à mes petits.

Impression fausse

Dame souris trotte,
Noire dans le gris du soir,
Dame souris trotte
Grise dans le noir.

Un nuage passe,
Il fait noir comme en un four.
Un nuage passe.
Tiens, le petit jour !

Dame souris trotte,
Rose dans les rayons bleus.
Dame souris trotte :
Debout, paresseux !

Paul Verlaine

Aussi quand j’ai croisé à mon tour une petite souris dans ma cuisine, les mots sont venus …

Petite souris

Petite souris trotte
Dans mon salon, dans ma cuisine
Petite souris trotte
C’est une drôle de coquine !   

Elle vit dans mon placard
Se régale de chocolat
Ou  grignote un malabar
Et me cause bien du tracas !

Petite souris trotte
Chez moi, toute la nuit,
Petite souris trotte
Sans faire de bruit.

Elle vit sous mon frigo
Puis grimpe sur l’étagère
Et là, tout là-haut,
Elle est à son affaire !

Petite souris trotte
Du soir au matin,
Petite souris trotte
Et n’a pas peur du gourdin !

Carmen

 

Merci à toi Carmen

 

Merci Cevenole !
C'est vrai, on ne se connaît pas (pas encore!) mais peut-être aurons-nous l'occasion un de ces jours de se rencontrer au détour d'une coinche ?

En attendant, voici un autre de mes délires fantasmagoriques ...

Fantasmagorie
   
Et si demain jusqu’à Lille elle s’en allait ? 
Si au coin de ta rue, là-bas,  tu la trouvais ?
Si, surpris,  par la main alors, tu la prenais ?
Si sur ses lèvres enfin tu posais un baiser ?
Si ensemble, tous deux, quelques pas vous faisiez ?
Et dans une petite auberge, vous entriez ?
D’abord un menu sympa pour vous restaurer,
Puis, pressés, une chambre vous demanderiez !
Très lentement les escaliers vous monteriez,
Tout  contre toi, tu la tiendrais fort,  bien serrée,
Et dans la chambre 333 vous entreriez.
Bien vite, derrière toi, tu refermerais.
Au milieu de la chambre bleue, vous vous tiendriez
Puis  tu t’approcherais d’elle pour l’enlacer,
Pour l’embrasser, lui donner mille et un baisers, 
Puis enfin, sur le lit, tu la déposerais.
Amoureusement tu la déshabillerais,
Très lentement, tu ôterais son chemisier,
Ses bas noirs, sur ses jambes, tu ferais glisser
Et dans sa nudité elle t’apparaîtrait.

Elle reste là, sur le lit, abandonnée.
Tu la regardes, ravi, heureux et comblé.
Penché sur elle, tu la couvres de baisers,
Des baisers doux, des baiser fous, mille baisers.
Pendant qu’à cette folie tu te laisses aller,
Tout doucement elle va te déshabiller,
Heureux, tu la laisses faire, tu l’attendais,
Nu, dans ce lit, tu te retrouves à ses côtés.
Ses mains très douces commencent à te caresser .
Elles te font frissonner, vibrer et trembler,
Du bout des doigts elle s’amuse à pianoter,
Ici et là,  encore là, … tu vas aimer !
Tes mains s’agitent, elles veulent la toucher,
Elles aussi désirent frôler, caresser,
Tu l’enlaces, contre toi tu la tiens serrée,
Corps à corps, peau à peau, bouche à bouche, collés,
Emportés par la vague, tout deux vous roulez,
Dessus, dessous, peu importe, vous sous aimez…
Elle s’offre enfin à toi, elle a succombé.

Dans ce plaisir divin, elle t’a entraîné.
Toute la nuit vos ébats ardents ont duré,
Les jeux  dans le  plaisir se sont multipliés,
Et le matin vous a trouvés là, épuisés,
Endormis l’un dans l’autre, heureux. Bien serrée
Dans tes bras, que sur elle tu as refermés,
Prison d’amour dont elle ne peut s’échapper.
Pour toujours, avec toi, tu voudrais la garder,
Pour toi et  rien que pour toi, ton amour secret.

Carmen

 

La rencontre

La porte s’ouvrit doucement en grinçant,
Il entra et traversa la salle lentement,
Et dans son coin favori, il s’installa.

Elle était là, il n’avait d’yeux que pour elle,
La couvait du regard, Put… ! qu’elle était belle !
Depuis plus d’un mois chaque soir il venait
Pour la voir, l’admirer, pas pour jouer.
Il savait tout d’elle maintenant, car, comme une ombre,
Après son départ sur la route sombre,
En cachant ses pas dans les siens, il la suivait
Et jusque chez elle il l’accompagnait,
Fidèle garde du corps, invisible et secret.
Mais ce soir, tout allait changer,
C’est sûr il devait lui parler.
Il allait sûrement saisir l’occasion,
Il suffisait pour ça d’une bonne improvisation.

Son partenaire habituel étant absent,
Il s’installa à sa place rapidement.
Elle n’eut pour lui qu’un regard étonné
Puis le remercia et l’accepta, d’entrée !
Ils gagnèrent une partie, puis deux, puis trois,
Un peu d’humour, quelques jolis coups parfois,
Et la voilà conquise, assurément.
Heureux, ils n’ont pas vu passer le temps,
Toute la nuit ils ont joué à la même table,
Ne souhaitant qu’une chose, rester ensemble.
Au petit matin pourtant ils durent se quitter.
Devant sa porte il l’abandonna, il n’osa pas entrer,
Et sur sa joue fraîche, ses lèvres il a posé.
Se promettant dès le lendemain de recommencer.

Cette nuit-là les rêves les plus fous,
Où les jetons, les cartes et les atouts
Se mêlaient aux regards, aux caresses, aux baisers,
Peuplèrent leur sommeil . Et tous deux,
Dès leur réveil, s’expédièrent quelques mots bleus.
Des mots d’Amour, de Passions, de Promesses,
Pour une vie à deux pleine de Richesses.

Carmen

 

      Clic !

Elle s’avance en riant sur le sable chaud,
Joyeuse et craintive elle s’approche de l’eau,
Grimpe dans sa bouée sans lâcher sa maman
Et sur les vagues elle danse en l’éclaboussant.
Chloé voudrait bien que cela ne cesse jamais,
« Encore un tout petit peu, maman, s’il te plait ! »
Mais hélas, il est tard, il faut rentrer !
Et Chloé, triste, quitte la plage à regret…   
Elle court devant nous tel un petit lutin,
Déjà consolée car elle sait que demain
Elle retrouvera la mer et ses plaisirs,
Qu’à nouveau dans les vagues elle pourra bondir !
C’est l’heure de l’apéro avec les amis,
Un bon Porto, un Ricard ou un Martini,
Mais Chloé le sait bien : « Moi, je n’ai pas le droit ! »
Nous répète-t-elle de sa petite voix !
Jambes croisées, sur le banc, patiente elle attend,
« Un biscuit salé, un verre de menthe, GRAND ! »
Comme elle est craquante dans son joli maillot !
On ne peut y résister, vite, une photo !

Carmen

Dernière modification par carmen (05/09/2013 18:58:56)

 

                       Lui

Quand je suis fatiguée, c’est vers lui que je vais,
Il me prend dans ses bras, je peux me reposer.
Quand je suis en colère, il sait bien me calmer :
Quelques mots apaisants, ma fureur envolée !
Je suis triste à pleurer ? Il vient sécher mes larmes,
Me berce doucement, laisse agir son charme.
Quand je deviens coquine, il se prête à mes jeux
Et embarque avec moi sur des chemins radieux.
À l’esclave soumise je joue sans tabou,
Et me prête sans frein aux désirs les plus fous.
Maîtresse inflexible, de lui j’exige tout,
J’aime le voir alors ramper à mes genoux.
Il me comble à l’envi de ses folles caresses
Et pardonne toujours mes petites faiblesses.
Je sais, cet homme que j’aime n’est pas parfait,
Mais c’est celui que depuis toujours j’attendais.

Carmen

 

            Le Peintre et la Sylphide

Elle n’avait pas trente ans, lui plus de soixante,
Un peintre renommé, une jeune enseignante.
Le teint mat, les yeux noirs, les tempes argentées,
Elle en rêvait déjà sans l’avoir rencontré !
À son vernissage elle a été invitée,
De loin elle l’a vu, a été subjuguée.
Une coupe à la main, elle l’a abordé,
Enthousiaste, ravie, pour le complimenter.
La beauté blonde aux yeux verts, au port de déesse
Vantait sans fin son talent ! Quelle enchanteresse !
Lui, le sauvage, flatté, il l’a écoutée.
Chez lui, à boire un café il l’a invitée.
Cadre confortable, tout était harmonie,
Ils discutaient de tout comme de vieux amis.
Le temps passa trop vite, ils voulaient se revoir
Et c’est ainsi que trois mois plus tard, un beau soir,
Elle est restée chez lui et ne l’a plus quitté.
Puis au printemps leurs noces ont été célébrées.
Les années ont passé, un beau bébé est né,
Son fils à lui ! Depuis le temps qu’il l’espérait !

Mais aujourd’hui, la belle fleur épanouie
Se retrouve avec un vieillard tout rabougri.
Il ne peint presque plus, a rangé ses pinceaux,
Va à la pêche ou à la chasse aux escargots,
Relit Proust ou Rimbaud, écoute Puccini,
Tout seul. Il se laisse aller à la nostalgie…
La nuit est déjà là. Elle n’est pas rentrée.
Ce soir encor, sans elle il ira se coucher.

Carmen